Energie Partagée vient de rendre publique, avec le soutien de l’Ademe, une étude sur l’impact économique local des projets citoyens. Et le bilan est largement positif pour les collectivités locales, pour les citoyens et pour la transition énergétique. décembre 11, 2019 Joël Spaes
Economie des projets citoyens
Les retombées économiques locales peuvent en effet être multipliées par deux ou trois selon la part des investisseurs locaux au capital et le recours aux prestataires locaux. C’est à l’occasion des premières Assises nationales des énergies renouvelables citoyennes, le 10 décembre, qu’Energie Partagée a présenté son analyse fondée sur les projets qu’elle a développés (36 projets passés à la loupe, mais extrapolés à l’ensemble du « parc » d’Energie Partagée), prenant en compte (pour l’heure) uniquement des projets éoliens et solaires, ces dernier représentant, en nombre la majeure partie des développements. Le caractère local des projets se rapporte à la définition de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), c’est-à-dire prenant en compte au-delà des collectivités locales, le département d’implantation, et les départements limitrophes.
L’étude considère quatre grands paramètres : retombées fiscales, versements de loyers aux propriétaires de terrains, dividendes distribuables et emplois et prestations locales. Par rapport à un projet privé « classique » l’étude affirme qu’un projet citoyen rapporte au moins deux fois plus au territoire.
À l’échelle de l’ensemble des projets citoyens, ce sont près de 100 millions d’euros de retombées locales qui sont ainsi injectées dans les territoires qui les accueillent, insiste l’étude. En outre, 18% de ce montant intervient pendant la phase de développement du projet, tandis que près de 80% interviennent sur les 20 ans d’exploitation (durée retenue par l’étude, mais qui s’avère souvent plus longue). La fiscalité locale représente ainsi environ 24% d’un tel projet participatif, les loyers, 11%, l’emplois et. Les prestations locales, 34% et le revenu de l’investissement local, environ 31%, alors que dans un projet privé, les deux derniers aspects sont largement variables et non garantis, insiste l’analyse. En outre, en localisant la gouvernance des projets, ces derniers sont mieux acceptés, insiste Energie Partagée.
Un dernier point largement souligné par un « Avis de l’Ademe » publié le même jour, l’Agence insistant sur la complémentarité des deux modalités de financement participatif (projets à gouvernance locale et projets participatifs, souvent via un crowfunding) et met l’accent sur les projets renouvelables à gouvernance locale, portés par et pour les territoires.
L’Ademe estime également que « pour les collectivités, c’est un moyen de favoriser l’appropriation locale des projets et leur intégration, et d’optimiser leurs retombées socio-économiques sur les territoires, en particulier lorsqu’il y a gouvernance locale. Pour les citoyens, ces projets sont une façon de passer à l’action et de s’impliquer en faveur de la transition énergétique. »
Focus Occitanie
Dans son « Avis », l’Ademe précise qu’en Occitanie, la Région et l’Agence soutiennent le développement de ce type de projets depuis 2014, via un appel à projets annuel. On dénombre aujourd’hui plus de 90 sociétés coopératives et citoyennes de production d’énergie renouvelable en Région Occitanie, dont 46 sont lauréates de l’appel à projet. Elles bénéficient d’une aide financière pour l’émergence de leurs projets (études de faisabilité technico-économiques, juridiques et communication) puis d’une aide à l’investissement (une prime citoyenne pour 1€ citoyen récolté, 1€ région versé à hauteur de 100 000€). 21 structures portent un ou plusieurs projets en exploitation représentant plus de 27 MW dont plus de 4 000 actionnaires citoyens et près de 50 collectivités engagées dans la gouvernance des sociétés de projets. D’après une évaluation de la dynamique dont les résultats seront présentés aux Assises, 1€ de soutien financier à ces projets permet de générer 50€ de retombées locales. Cette dynamique est accompagnée par l’association ECLR (Énergies Citoyennes Locale et Renouvelables Occitanie), relais régional d’Energie Partagée Association. 80 % des projets concernent la production d’électricité à partir du solaire photovoltaïque au sol ou sur toitures mais, depuis 2018, de nouvelles filières se développent dont celle du bois énergie.