Le secteur solaire français se porte plutôt bien, mais le programme « piétine » un peu, a indiqué Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), lors d’une conférence de presse ce mardi 15 octobre, sur l’état d’avancement de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). octobre 16, 2019 joelspaes
La PPE présente la trajectoire à atteindre pour le mix énergétique à l’horizon 2023 et 2028. Le président du SER constate que sur les années passées, la progression du solaire photovoltaïque atteint environ 1 GWc par an, et avec les résultats des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie, ce chiffre devrait atteindre en 2021, 2 GWc par an. « Ce qui est encore insuffisant pour tenir l’objectif de la PPE » (20,6 GWc en 2023 et entre 35,6 et 44,5 GWc en 2028) car il faudrait installer 4 GWc par an, insiste Bal.
Même si la récente loi énergie-climat facilite le développement du PV en mettant un seuil minimal de 30% sur les toitures des entrepôts, supermarchés et ombrières de parking (article 6 quarter).
Le SER juge donc nécessaire d’aller plus loin pour faciliter l’émergence de nouveaux projets. Et propose des pistes. Bal indique ainsi que la taille de certains projets n’est pas adaptée aux appels d’offres actuels. Il faudrait ainsi « instaurer un guichet ouvert pour les installations de moins de 500 kWc », ajoutant que « c’est ce que permet l’encadrement des aides d’Etat au niveau européen ».
Par ailleurs, pour les centrales de grande puissance, il est nécessaire de poursuivre les efforts afin de faciliter l’accès au foncier, et notamment auprès des grands maîtres d’ouvrage publics, telle l’armée, etc.
En outre, le SER rappelle l’obligation d’élargir le marché de l’autoconsommation collective.
S’exprimant ensuite sur la production de chaleur solaire, Bal a rappelé qu’une filière naissante avait besoin de soutien. Tout en se félicitant que le Fonds Chaleur continue de s’appliquer à des projets de taille industrielle (des milliers de m2 de capteurs), les premiers projets arrivent avec des chiffres compétitifs. Grâce à des capteurs de 15 M2, il est désormais possible de réduire d’un tiers le coût de la chaleur solaire, qui descend à 50 Euros/MWh.
Le président du SER a cependant tenu à préciser, face aux inquiétudes d’une conflit potentiel avec les terres agricoles, que les objectifs de la PPE, conduisent à des besoins de l’ordre de 2 000 à 3 000 hectares par an (PV surtout) ; chiffre à comparer à l’artificialisation des sols qui atteint aujourd’hui un taux de 35 000 has par an, et à la forêt qui s’étend sur des terres agricoles, à raison de 85 000 has par an. Ce qui n’empêche pas, a-t-il martelé qu’il faut privilégier des sols dégradés ou déjà artificialisés.
Enfin, le président du SER a dévoilé qu’il y aurait un grand intérêt à développer la géothermie électrique, qui a l’avantage de présenter, en parallèle, la possibilité de développer une filière française de production de lithium (largement utilisé dans les batteries). En effet, explique-t-il, le lithium est présent dans les eaux profondes géothermiques et pourrait en être extrait. Selon l’association française de géothermie, qui se fonde sur de premiers retours d’expérience, en extrayant 80% du lithium de la boucle primaire des circuit géothermiques, on pourrait disposer de 1 500 tonnes par an, et avec dix centrales de ce type, fournir 6% des besoins mondiaux.