La Commission nationale du débat public (CNDP) a validé le 3 novembre le lancement d’une concertation publique sur le projet engagé par le groupe norvégien REC d’usine de panneaux photovoltaïques à Hambach, en Moselle. L’investissement prévu est de 680 millions d’euros, pour à terme, en 2025, une production annuelle de 4 GWc. NOVEMBRE 18, 2020 JOËL SPAES
Photo : CEA Ines
Le groupe norvégien REC envisage d’installer une giga-usine de panneaux photovoltaïques sur la partie Est de la ZAC Europole II à Hambach, près de Sarreguemines, en Moselle. Il a officiellement fait sa demande de consultation publique sur le projet auprès de la CNDP le 23 juillet dernier. Dossier parvenu en retard « par rapport aux exigences du droit à l’information et à la participation », signale la CNDP dans sa saisine, REC ayant déjà déposé « sa demande d’instruction pour les autorisation environnementales et le permis de construire sont déposées depuis fin août ».
La CNDP a validé le 3 novembre 2020 le lancement de la concertation publique, nommant comme « garants » Isabelle Jarry et Bernard Christen. Néanmoins, selon ce dernier, au regard de l’évolution de la situation sanitaire, la CNDP a demandé à REC d’étudier des dispositifs « souples » afin de pouvoir assurer le plus de réunions en présentiel. La CNDP devrait ainsi donner son feu vert définitif le 28 novembre, pour un début de consultation le 14 décembre 2020, et une fin prévue le 8 février 2021 avant le lancement d’une éventuelle enquête publique. Des réunions d’information, des tables rondes, des expositions et des ateliers sont envisagées, « à partir de janvier », explique Bernard Christen, dans plusieurs communes du département pour présenter le projet aux habitants. A partir de la fin de la consultation, les garants ont un mois pour dresser un bilan, puis REC aura deux mois pour justifier de ses réponses ou non réponses, indique le garant.
Selon le document de concertation préalable, la nouvelle installation mosellane s’étalera sur près de 148 000 m². Le début des travaux est espéré au mois de juin 2021. Tout se fera sur place : la production des cellules, l’assemblage des modules, le contrôle qualité ainsi que la réception des matières chimiques et l’expédition des produits finis. La mise en service de l’usine est prévue pour 2022, avec 2 GWc produits par an, avant d’atteindre son rythme de croisière en 2025, avec 4 GWc/an, soit 9 millions de panneaux photovoltaïques fabriqués chaque année.
La « gigafactory » de REC fait le pari de limiter le transport et donc son empreinte carbone. En outre, REC mise sur l’hétérojonction, un procédé d’assemblage innovant des matériaux, déjà utilisé à plus petite échelle sur le site REC de Singapour. Selon le document de concertation préalable, les recherches du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), au travers de l’Institut national de l’énergie solaire (INES), « sont à présent à un stade de développement mature, le procédé est prêt à un transfert technologique et une production à l’échelle industrielle ».
Au-delà, ce projet entre dans le cadre du développement d’une véritable filière française et européenne de production photovoltaïque pour concurrencer les modules asiatiques inondant le marché mondial (80% environ des panneaux installés en France viennent de Chine). Selon la CNDP, le fabricant norvégien entend bien « profiter du rehaussement des objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) en matière de photovoltaïque ». Cette dernière compte doubler la puissance du parc solaire français en trois ans, et la quadrupler en huit ans.
L’arrivée du fabricant scandinave est attendue dans une région touchée par la crise économique, avec l’arrêt de l’usine Smart ; le projet devant créer quelques 1 800 emplois, notamment pendant la construction.