Covid-19 : Les énergies renouvelables, sources d’énergie pour la sortie de la crise

Les énergies renouvelables font partie des quelques filières qui continuent à être présentes dans l’outil productif national, explique Xavier Daval, le président de la Commission Solaire du Syndicat des énergies renouvelables, à pv magazine. Malgré les circonstances, la filière peut travailler, et elle le fait. En tant que maillon d’un engrenage économique plus vaste, son engagement participe à l’effort général de contribution à l’économie nationale et de préparation à la sortie de la crise, souligne-t-il.AVRIL 7, 2020 CATHERINE ROLLET

La centrale photovoltaïque flottante développée par Akuo, à Piolenc (Vaucluse)

Quelles mesures faut-il adopter pour que la filière solaire puisse traverser au mieux la crise sanitaire actuelle ? Comment peut-elle préparer la reprise, l’après-crise ? Xavier Daval, le président de la Commission solaire du Syndicat des énergies renouvelables (SER) veut bien répondre à ces questions. Toutefois, dans le contexte actuel difficile, il souhaite avant tout apporter une note positive : la filière est au travail. Le président du SER, Jean-Louis Bal, l’a spécifié dans un courrier la semaine dernière, au nom du bureau du Syndicat, à la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne. « Il nous semblait important de rappeler que la filière est au travail. Nous avons la chance, pour beaucoup d’entreprises des énergies renouvelables, de pouvoir continuer à travailler », souligne-t-il.

Les fabricants de cellules ou de panneaux solaires en France entre autres sont complètement à l’arrêt, mais un grand nombre d’entreprises, telles que les opérateurs électriques et celles disposant d’un portefeuille d’actifs, continuent à produire de l’électricité et à recevoir des revenus, dans un contexte extrêmement difficile pour beaucoup de Français. « Ce n’est pas parfait, il y a des difficultés, il y a des points qui se figent ou qui se bloquent, mais dans l’ensemble, par rapport à d’autres pans de l’économie française et de l’industrie, nous avons la chance de pouvoir continuer à travailler », explique Xavier Daval. « Il est donc important de rappeler que nous sommes conscients de faire partie d’un secteur économique qui est privilégié de ce point de vue-là. »

Un ministère à l’écoute

Le SER a bien entendu commencé à étudier certains points de blocages et de lourdeurs qui, améliorés, permettraient à la filière de repartir plus vite et mieux. Deux groupes de travail ont été formés dans cette optique, l’un dédié aux réflexions liées à la crise actuelle (mesures à court et moyen terme, si la crise est amenée à durer), l’autre à l’après-crise.

Le syndicat a fait parvenir au ministère une liste recensant les difficultés d’ores-et-déjà rencontrées par ses adhérents à l’heure actuelle. Certains points sont « d’un autre temps », s’étonne Xavier Daval. Leurs ajustements auraient intérêt à être maintenus après la crise, comme la possibilité pour les producteurs d’énergie d’adresser leurs factures à EDF OA par voie dématérialisée, et non d’envoyer une facture signée à la main par recommandé (en particulier à l’heure où la poste ne fonctionne pas à plein régime). D’autres difficultés recensées sont plus impactantes car elles occasionnent des retards dans le déroulement des projets et peuvent donner lieu à des pénalités.

« Aujourd’hui, notre filière est suffisamment en danger naturellement, puisque, entre le moment de l’identification d’un site jusqu’au jour où ce site commence à produire, une succession d’étapes se sont déroulées, et des dizaines de métiers se sont succédé sur la table de travail pour faire avancer chacun un petit bout de ce dispositif complexe. Ce qui pourrait gripper la machine, c’est qu’un certain nombre de maillons dans cette chaîne de valeur arrêtent complètement les dossiers. »

Le fait que les collaborateurs, par exemple, ne puissent pas sortir car ils ne font pas partie des métiers « essentiels » est problématique : c’est le cas des responsables de la maintenance de centrales, ou encore de certains bureaux en charge d’études environnementales. Dans ce cas précis, si l’enquête ne peut pas avoir lieu au moment adéquat de l’année (au printemps par exemple pour étudier la nidation), un retard de six mois à un an peut être engendré, mettant à mal l’instruction du dossier pour l’obtention du permis de construire.

Jusqu’à présent, le dialogue entre le ministère et les représentants des filières renouvelables est permanent. « Un certain nombre de messages que nous voulions faire passer ont été entendus. Le décalement dans le temps des appels d’offres, par exemple, s’est fait de façon raisonnée et concertée : comme nous l’avions demandé, alors que ce n’était pas la proposition initiale, l’administration a accepté de conserver une partie des volumes à échéance courte », explique le président de la Commission solaire du SER, « il nous semblait important de maintenir en tension une partie de nos équipes parce que cela contribue aussi au moral des troupes. »

https://solaire-info.fr/index.php/2020/03/31/gel-du-tarif-dachat-pour-les-installations-photovoltaiques-de-moins-de-100-kwc/Cette écoute a également été attentive au sujet du gel des tarifs d’achat pour les installations de moins de 100 kWc. « Encore une fois, je pense que la filière doit savoir se montrer satisfaite », souligne Xavier Daval.

Effet domino

Le SER entend ainsi profiter de cette dynamique de dialogue et d’écoute avec le ministère pour faire passer des messages et mettre en place des mesures pertinentes permettant de résoudre les problèmes d’inertie connus jusqu’ici.

« La résilience de notre filière et tout ce qui pourra faire que, lorsque nous pourrons repartir, nous pourrons le faire à pleine charge, le mieux possible, le plus vite possible est important car, par effet de domino, cela entraînera le reste de l’économie ». En travaillant, la filière implique des architectes, des notaires, des bureaux d’études, des fournisseurs de matériaux… « Nos énergies renouvelables ne sont pas que de l’énergie renouvelable, mais un des maillons de l’engrenage économique plus vaste », explique Xavier Daval. En exerçant son activité, la filière peut participer à dégripper une économie locale : « il faut que certains envoient une impulsion d’énergie pour entraîner les autres. Nous devons être ceux-ci. Nous devons faire partie des pignons moteurs de cet engrenage. »

La filière solaire en particulier doit se donner les moyens de repartir à pleine charge, elle qui a bénéficié de tarifs d’achat ou encore d’appels d’offres – des mécanismes dont d’autres énergies n’ont jamais pu bénéficier, ajoute-t-il.

« Si nous avons une obligation, c’est bien celle de travailler. Notre pays va connaître une sortie de crise difficile. En travaillant, nous allons contribuer à alimenter l’économie et, par effet de cascade, le flux va repartir. C’est pour cela qu’il est important que nous prenions conscience de notre responsabilité entrepreneuriale dans la contribution à l’économie de notre pays », conclut Xavier Daval.